jeudi 3 septembre 2009
PASO A PASO
J+4 et les premières impressions de Guayaquil sont aussi nombreuses que contrastées. Après 17h40 de vol, avec escale à Amsterdam et arrêt à Bonnaire (Antilles Néerlandaises) pour refaire le plein, j’arrive exténuée et – disons le – pas très fraiche à l’aéroport Joaquin Olmeda de Guayaquil. Je suis accueillie très chaleureusement par trois étudiants bien courageux de l’AIESEC qui se sont levés à cinq heures du matin exprès pour moi, et qui tiennent des pancartes « Bienvenue Camille ! ». Nous allons prendre un petit déjeuner équatorien où je goute un Bolón – petite boule cuite de platane et de fromage très doux assez bourrative. Ils m’emmènent ensuite faire un tour de la ville en voiture jusqu’en haut du Cerro Santa Ana, colline depuis laquelle on peut voir tout Guayaquil et le fleuve Guayas. Puis ils m’emmènent à la casa de la Señora Marlene, la présidente de l’ONG, chez qui je loge pendant neuf mois. Je vis dans le quartier Los Guayacanes, au nord du centre. C’est un quartier de classe moyenne, réputé tranquille malgré son apparence un peu délabré à certains endroits.
Comme certaines grandes villes d’Inde, Guayaquil est immense, chaotique, bouchée, poussiéreuse et très rapide. On est littéralement étouffé par la pollution, par les voitures qui conduisent à toute allure, par le brouhaha permanent des commerçants ambulants et des moteurs. Il y a du bruit, de la fumée, des foules de gens qui se précipitent entre les voitures, des chiens errants, des vendeurs de rue qui harcèlent les passants à grands cris. Et dans tout ça, une certaine insécurité pour l’étranger qui ne sait pas par quel bout prendre ce maelström urbain. Il faut constamment être alerte avec ses affaires ou en traversant la rue car les voitures et les bus foncent à toute allure sans se préoccuper des passants. Vaut mieux ne pas risquer être sur leur passage. Moi qui rêve depuis des mois de la ville latino américaine, je suis bien servie. Et surtout, terrorisée. L’euphorie des premières heures cède place à la panique devant le contraste immense entre Paris et Guayaquil. Ici les bus n’ont pas d’arrêt, seulement une trajectoire, et il faut les arrêter en se mettant au milieu de la rue et en levant la main ; les plans de bus et de ville n’existent pas, il faut compter sur les indications des locaux ; la chaleur du jour est insoutenable ; les rues sont envahies de basura (déchets), de chiens errants et, plus tristement, d’enfants mendiants. On m’avait prévenu qu’il ne fallait pas se décourager en s’arrêtant aux premières impressions de Guayaquil : néanmoins, les premiers jours, j’ai été prise d’un réel doute.
Heureusement, il y a les gens. Leur gentillesse est ineffable. Tout d’abord, les étudiants de l’AIESEC qui m’accueillent et m’accompagnent partout dans la ville pour toutes mes démarches administratives, qui me sortent dans Guayaquil pour des promenades dans la journée ou un verre le soir parce qu’ils savent très bien que pour l’instant, je suis incapable de faire deux pas toute seule, qui se plient en deux pour que je me sente bien et que je trouve des solutions aux petits problèmes administratifs que je rencontre. Je n’aurai jamais pu imaginer un tel accueil. Mais il y a aussi les gens du quartier et toute la famille de la Señora Marlene qui, dès mon arrivée, m’ont fait comprendre que j’étais alors membre de la famille et que je pouvais venir les voir pour n’importe quoi. Il y a aussi Jessica, une stagiaire américaine de l’AIESEC à Guayaquil qui loge chez la fille de la Présidente depuis six mois, et qui a pu me rassurer en me disant comment elle s’était accoutumée petit à petit à la ville. Et voilà le mot d’ordre : petit à petit, paso a paso : les choses se font progressivement. Je suis frustrée parce que je ne comprends rien à l’organisation de Guayaquil et je ne me sens pas encore en sécurité pour sortir seule ; « Mi amorcito ! es normal ! Ça ne fait que DEUX JOURS que t’es là Camila ! » me répond la Señora Marlene. Elle est dans le vrai. Jessica me conseille de prendre les choses jour par jour, de me fixer des petits objectifs comme acheter un portable, demander seule un renseignement en espagnol, aller visiter un endroit seule dans la ville, manger un plat typique – parce que les premiers jours, je n’avale presque rien tellement je suis prise par l’angoisse de tomber malade à cause de la bouffe. Je décide de suivre ses conseils, je ne peux qu’y gagner.
Et voici qu’aujourd’hui je suis donc très fière, parce que j’ai pris le bus toute seule pour la première fois pour rentrer à la maison. Et je suis ensuite sortie dans le quartier toute seule pour aller au Cybercafé. Il est à cinq minutes, mais pour moi qui crains pour ma tête de gringo (occidental), c’est un grand pas. En revenant à la maison, fière de mon indépendance croissante, je décide de prendre une douche quand je suis brutalement ramenée à la réalité de mes angoisses par la présence d’un énorme cafard dans la salle de bain. Moi qui n’en revenais pas de mon courage lorsque j’ai passé un gros chien errant dans la rue avec un tel sang froid que ça m’aurait valu une médaille, je me retrouve soudain pétrifiée devant ce laid imposteur. « Papí, hay una cucaracha gigante en el baño! » je finis par crier toute vulnérable au mari de la Señora. Arrive Papí qui rentre fermement dans la douche, écrase de son pied nu l’infâme bestiole et ressort en riant. Bueno… un des mes objectifs est donc d’arriver à faire ça d’ici deux mois. Avec une chaussure, faut pas déconner non plus.
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Tu es la meilleure!!!
RépondreSupprimerHola Camilita,
RépondreSupprimerme da gusto leerte y me divierto imaginándote en el caos de una ciudad latinoamericana.
Te deseo mucha suerte y espero encontrarnos pronto por el mundo.
Enhorabuena, saludos y besos desde la Ciudad de México (muy lluviosa estos días por cierto)
Vlad
j'adore te lire ma belle
RépondreSupprimermuchos besos