mardi 25 mai 2010

AVENTURAS AMAZONICAS





Depuis l’époque où mon frère et moi jouions au jeu « Amazon Trail », mon rêve a été de connaitre la forêt amazonienne. Mais ça a toujours été pour moi un de ces endroits inatteignables dans lesquels je n’aurais probablement jamais l’occasion de m’aventurer, un peu dans le même style que le pôle Nord ou le Sahara. Mais bon, à un moment il faut prendre les choses en main, surtout quand je vis dans un endroit du monde où l’Amazonie est à 10 heures de route. Alors on décide d’y organiser un voyage avec des copains. Et quel voyage ! Voici donc pour vous, les crónicas amazoniennes !




Tout d’abord, je précise qu’il n’est pas possible de partir s’enfoncer seul dans le poumon du monde. Il faut absolument partir avec une agence. En Equateur, les meilleures villes de départ pour faire des « Jungle Tours » sont Baños, Téna et Coca. Etant donné que j’ai déjà fait Baños deux fois et que Coca est à 18 heures de route de Guayaquil, la meilleure option me paraissait être partir de Téna.



Avant le départ, il faut bien prendre ses précautions et prévoir : vêtements légers qui couvrent tout le corps (manches longues, pantalons, bottes) car malgré l’humidité, il vaut mieux se protéger des bêtes et des plantes, BEAUCOUP de spray anti-moustique (voire, médicaments contre le paludisme pour les plus soucieux, mais étant donné que le traitement est lourd, ce n’est pas conseillé de les prendre si vous faites moins de trois jours), protecteur solaire, et quelques pansements pour les ampoules.

Vendredi soir, nous sommes un bon groupe de neuf personnes à monter dans le bus pour Téna : moi, les quatre autres stagiaires de Guayaquil (Patrick, James, Béa et Michelle), et quatre autres équatoriens : Karla, Abdon, Lorena et Cindy. Un bon mélange, car nous ne nous connaissons pas tous. Arrivés à Téna aux alentours de sept heures du matin samedi, on part à la recherche d’une agence. Malheureusement, ça nous aura pris pas mal de temps, car les prix sont beaucoup plus élevés que ce que nous pensions : entre 35 et 50 dollars par jour dans l’Amazonie. Or nous voulions absolument y passer une nuit. L’intérêt de partir en Amazonie est entre autres de dormir dans une communauté indigène. Finalement, on trouve un petit bijou d’agence, écartée du centre touristique, où les organisateurs des voyages sont originaires eux-mêmes des communautés amazoniennes. Pour 30 dollars par personne, on a un beau programme de deux heures de randonnée en forêt pour atteindre la communauté, un déjeuner typique, une autre randonnée l’après-midi pour atteindre une cascade naturelle et s’y baigner, une nuit dans la communauté avec des animations culturelles, petit-déjeuner le lendemain et découverte de techniques de vie en Amazonie, avant d’entreprendre la randonnée du retour.

J’ai décidé que j’allais passer le weekend en mode élégance totale : oublions maquillage, shampooing, parfum, vêtements féminins. J’opte pour un gros t-shirt à manches longues que me prête Patrick et qui fait dix fois ma taille, des bottes en caoutchouc et une queue de chevale limite lesbienne. Ajoutez à cela un visage transpirant de sueur grâce à l’humidité, et vous avez le sex symbole de l’Amazonie :





La promenade jusqu’à la communauté est un véritable chemin de croix. Les sacs à dos, l’humidité, les moustiques, la boue, les montées qui n’en terminent pas… pour rendre le chemin plus marrant, on s’invente un véritable film d’horreur dont nous sommes les héros. Qui sera le premier à mourir et dans quelles conditions ? Pour ma part, je suis celle que les autres décident de manger au bout de trois jours sans nourriture. Sympa les mecs. Mais malgré le calvaire de cette randonnée, je suis personnellement très impressionée par la beauté de la selva. Je suis dans une véritable forêt tropicale : par-ci par là on aperçoit des baobabs géants qui sortent du sol au milieu de toute cette végétation, des papillons bleus azure, des cacaotiers (je goute le vrai fruit du cacao !) et on entend autour de nous des singes (mais on ne fera que les entendre, sans les apercevoir malheureusement.



Finalement on arrive à la petite communauté indigène de Rio Blanco, enfouie dans la forêt. Elle n’est accessible que par deux chemins, chacun d’environ deux heures de marche ! Elle ressemble à un petit hôtel paradisiaque malgré le fait qu’elle soit pauvre.


Nous n’avons pas le temps de déjeuner, car il est déjà 15 heures et nous devons aller à la cascade (une heure de marche) et revenir avant la tombée de la nuit. C’est donc reparti pour de la marche, malgré les jambes lourdes, les crampes et la faim. On atteint la cascade, et c’est un vrai moment de bonheur de s’y baigner, car contrairement aux autres cascades où j’ai pu me rendre, celle-ci est complètement isolée. Il n’y a ni route, ni visiteurs aux alentours. Nous seuls avec la nature.









On revient à la communauté sur les coups de six heures et demi, pile poil au moment où tombe la nuit. Et là on a le droit à un vrai festin : soupe de quinoa et de légumes, tranches de yuca, poulet mariné, banane plantain et potiron frits, fruits et café. Puis commencent les animations de « intercambio cultural » (échange culturel). En premier lieu, le chef de la communauté nous donne la bienvenue en « Quichua », la langue ancestrale qui se parle dans la plupart des communautés traditionnelles andines et amazoniennes en Equateur et au Pérou. La communauté nous présente des danses, chansons et rites typiques (la danse de la paix, symbolisant l’arrêt des massacres qui eurent lieu entre les deux principales tribus de l’Amazonie équatorienne, ainsi que le rite du mariage avec madame qui est voilée et monsieur qui ne connaitra jamais le visage de sa douce avant de l’épouser) ; mais en échange nous devons aussi leur faire découvrir quelque chose de notre propre culture. Nous décidons donc de chanter une chanson de la ville de Cuenca (d’où vient Karla) mais nous finissons par leur faire découvrir des chansons américaines lorsque nous commençons à jouer de la guitare. Il n’y a pas d’électricité dans cette partie de l’Amazonie, ainsi nous passons toute la soirée à la lueur des bougies ce qui rend l’ambiance très agréable.








Le lendemain, nous nous réveillons et sortons prendre le petit déjeuner sous une pluie battante. C’est ça le climat tropical. Notre guide, Edwin, nous emmène ensuite découvrir comment les indigènes de l’Amazonie chassent en utilisant des éléments de la nature (troncs d’arbre, morceaux de bois, tiges de palme). C’est incroyable de voir comment ces communautés peuvent survivre à l’isolement en n’utilisant que ce qu’ils trouvent dans leur environnement. De même nous avons le droit à un petit cours de médecine naturelle. Patrick a des sortes de boutons allergiques qui lui sont apparus sur le bras : Edwin lui verse un peu de sève rouge d’un arbre (dite « sangre de árbol », sang d’arbre) et au bout d’une heure, il n’a plus rien ! Nous qui prenons des antibiotiques au moindre signe d’irritation de gorge, on aurait pas mal à apprendre de ces techniques…







Notre séjour s’achève sous la pluie amazonienne : on marche deux heures en prenant l’autre chemin en direction du fleuve que nous traversons en canoë pour regagner Téna. On arrive trempés et assez fatigués de toute cette marche, toutes nos affaires puent l’humidité. Mais il nous reste un jour et demi et il n’est pas question de rentrer à Guayaquil. Je me bats de toutes mes forces pour ne pas qu’on aille à Baños (la ville touristique la plus proche), qu’on aille à Ambato, Latacunga, Quilotoa, même le village d’à côté, mais quelle honte si je retourne une troisième fois à Baños. Mais, malheureusement, l’indigne de moi cède contre la majorité et prends le bus avec eux pour… Baños.



Ne vous en faites pas, je n’ai pas resauté d’un pont ou manqué de me tuer en faisant du parachute, rien de tout ça. J’ai voulu tester du nouveau, et du plus relax surtout. Après une nuit de fête dans ce hameau qui ne dort pas (soirée durant laquelle j’ai eu le privilège d’entrer dans le cercle des « bros », c’est à dire être un des mecs et en apprendre long sur les techniques de drague de cette espèce si singulière), je me lève tôt le lendemain matin avec Abdon pour aller profiter des eaux thermales dans une piscine au pied d’une cascade. C’est divin, surtout quand on sort de l’eau pour prendre une douche glacée et qu’on y re-rentre pour une demi heure. Après ça, Bea, Abdon et moi allons dans une sorte de spa naturel où pour $2,50, j’ai le droit à une promenade de « bien être », un masque de boue et un demi-ananas avec un thé purifiant. La promenade est très chouette, on doit suivre un chemin les pieds nus à travers différentes petites étapes. Nous arrivons en haut d’une petite colline où nous devons méditer sur les choses négatives de notre vie, puis crier le plus fort possible dans le gouffre montagneux pour se libérer de cette énergie négative. L’idée me fait sourire à l’idée d’imiter la fameuse scène du film Garden State. A la fin du parcours, on nous présente un petit schéma montrant quelle partie du pied correspond à quel organe. Les parties de nos pieds qui nous font donc mal sont reliées aux parties de notre corps qui sont les plus fragiles (estomac, système nerveux, plexus solaire, gorge, etc.).

Après cette matinée à se faire pouponner, on décide que le séjour aura été suffisamment intense et qu’il est temps de rentrer à Guayaquil. J’aurais vécu ce weekend en parfaite harmonie avec la nature, que ce soit avec douleur ou bien être. Qu’est-ce que ça aura été moche de revenir à l’air contaminé de Guayaquil…

Pour ceux que ça intéresse, sachez que l’écotourisme est extrêmement bien développé en Equateur (comme dans nombreux pays en Amérique du Sud). Il s’agit d’une forme de voyager responsable (exemple : voyager dans le respect de l’environnement et des traditions, volontariat, visiter des communautés ou des réserves écologiques…).

Quelques suggestions d’éco-tourisme en Equateur :

Le parc Machalila (plage Los Frailes et visite de la communauté d’Agua Blanca qui offre un bain de boue naturel !) dans la Province de Manabi, la visiter depuis le village de Puerto Lopez.
La visite de l’Amazonie Equatorienne (la grande majorité des trips proposés sont organisés conformément à l’écotourisme, mais renseignez-vous bien quand même)
Les « Ecolodge » pour visiter des « cloud forests » (forêts de nuages, étape avant la « rainforest »), des zones tropicales à l’état vierge où les espèces et l’environnement sont extrêmement bien préservés. C’est surtout dans la région autour de Quito que vous en trouvez, notamment à partir du petit village de Mindo.

mercredi 12 mai 2010

EL ULTIMO MES

Tout se passe toujours autant à merveille de ce côté de la planète. Voici les photos de mon dernier voyage où nous étions (pour une fois) plus d’étrangers que d’équatoriens. J’ai emmené les stagiaires AIESEC de Guayaquil faire un petit tour sur la côte ce Weekend. Depuis Puerto Lopez où nous nous sommes retrouvés à sociabiliser avec des équatoriens émmechés à 2h du mat sur la plage, jusqu’à Canoa, village surf paradisiaque plus au nord que nous avons mis 7heures à atteindre, on aura vu un peu de tout. Avec 6 bus, 1 ferry, 1 barque, 1 mototaxi et une camionnette arrêtée en stop en deux jours, je crois que ce voyage aura été un de mes chefs d’œuvre de l’aventure !


Moi, Bea (Canada), Patrick (USA), James (Australie)



Iwona (Pologne), James, Bea


Tous sur le ferry pour aller à Canoa... Quatre françaises, un australien, un équatorien, un américain, une canadienne, une polonaise, une islandaise: ça c'est du melting pot!


Canoa... pourquoi est-ce que je ne suis pas restée?


A l'arrière de notre petite camionette arrêtée en stop qui faisait du 200km/h. Ca rafraichit quand il fait 38°C quoi...

Et me voici entrée dans mon dernier mois en Equateur. Alors qu’au début je comptais les jours qui passaient, aujourd’hui j’en suis à décompter le temps qu’il me reste avant le grand départ (ou le grand retour, comment l’envisager ?).

Quelques objectifs avant de partir :


**Réussir à comprendre au moins toute une phrase de Papi Chuna, mon père d’accueil qui parle avec l’accent le plus campagnard imaginable…

**Perdre les quelques 150 kilos équatoriens que j’ai du prendre

**Maitriser la recette du ceviche de crevettes : comment vivre sans ce plat en France ?

**Faire un voyage en Amazonie

**Obtenir une réponse positive de la part de la Municipalité de Santa Lucía pour le plus grand projet de financement que j’ai entrepris de tout mon stage… croisez les doigts pour moi !

**Sortir faire des photos de Guayaquil… ou trouver un pote garde-du-corps qui peut m’accompagner en voiture pour le faire, kifkif.

**Manger du cochon d’Inde, LE plat typique andin en Equateur

**Un dernier saut ?... jamais deux sans trois ! Mais cette fois-ci, en parapente, à la plage « Crucita » au nord de la côte.

**Marcher en talons dans Guayaquil… mesdames, imaginez-vous marcher sur le chantier du World Trade Center sur 10cm de talons, vous comprendrez l’ampleur du défi que je vais entreprendre !

**Me trouver un mari équatorien pour avoir la nationalité

Programme ambitieux, je l’admets. Je vous enjoins tous d’imprimer cette liste d’objectifs et de lancer les paris, je les ferai tous ! Bon à part la petite blague de la fin… quoique, on sait jamais ici…