mercredi 16 juin 2010

EL ULTIMO



Mon dernier jour, mon dernier article. Je suis en plein dans les valises et je peux vous dire que ça me fait autant chier que quand j’avais du les faire pour venir ici. Je laisse une vingtaine de kilos d’affaires, produits de beauté, vêtements, chaussures, paperasse et poubelle, mais je me charge aussi d'une cinquantaine de kilos à l’aéroport…





J’ai passé la dernière semaine à faire un magnifique voyage à travers le nord de l’Equateur, à la fois dans la partie Sierra (les Andes) et dans la partie Costa (les plages), avant d’atterrir à Manta pour quatre jours de fiesta, repos et aurevoirs avec mes amis proches de là bas. Ce voyage aura été une très belle façon de terminer mon année en Equateur. Je suis partie seule pour 4-5 jours avec mon sac à dos pour traverser les régions Imbabura et Esmeraldas, voir des paysages splendides et rencontrer des gens tous aussi intéressants que les autres. Le meilleur de ce voyage aura été la liberté totale dont je jouissais. Cette liberté de pouvoir aller où je voulais quand je voulais. Et cette impression que je peux monter dans un bus un soir et me réveiller en Colombie le lendemain si je le voulais. Quatre jours à parcourir le nord, seule avec mes sens décuplés. Je me rends compte que lorsque qu’on part découvrir seul, on est beaucoup plus aptes à observer certaines choses auxquelles on ne prête rarement attention si l’on est en groupe. L’autre aspect que je remarque, c’est que chaque personne qui croise ma route, que ce soit le chauffeur de taxi qui me conduit au terminal de bus ou le photographe que je rencontre dans le train entre Ibarra et Salinas, chacun a quelque chose à raconter. L’histoire de sa ville, parfois l’histoire de sa vie. On n’écoute jamais tout ça quand on voyage en groupe.







Ca aura donc été une très bonne façon de clore mon expérience équatorienne que de partir faire le dernier voyage par moi-même. Aujourd’hui je ferme les valises, je laisse des derniers cadeaux à la famille et quelques larmes au passage, mais j’essaye aussi de suivre le conseil d’un Equatorien qui m’a dit de remplir mes valises de bons souvenirs et non de tristesse. Pour terminer ce blog, j’ai voulu publier l’introduction que j’ai écrite pour mon rapport de stage, qui exprime assez bien la force de l’année que j’aurai vécue.

Merci à tous ceux qui ont suivi mes chroniques, depuis ce fameux premier article de coup de gueule jusqu’à ce dernier morceau écrit le temps d’une pause dans tout ce rangement. A bientôt en France, et à bientôt l’Equateur !




INTRODUCTION



J’ai effectué mon stage au sein de la Fundación de Asistencia Social « Corazones Unidos », une petite ONG à taille humaine qui travaille au service de l’amélioration des conditions de vie et de santé de personnes ayant peu ou pas de ressources économiques pour subvenir à leurs besoins médicaux dans le Cantón Santa Lucía de la Provincia del Guayas en Equateur.

Avant même mon entrée à Sciences Po, il est clair pour moi que cette merveilleuse troisième année dont rêve chaque étudiant, je la passerai en stage et non en université. Quel meilleur moment que cette année pour mettre à l’épreuve mon projet professionnel de travailler dans le développement économique et social. Je veux savoir si je suis faite pour ce milieu, et si oui, préciser mon orientation académique et professionnelle. Ce stage sera pour moi l’opportunité de « tester le terrain », mettre les mains (et le cœur) dans un domaine qui me passionne mais que je ne connais pas réellement. Un domaine qu’il me faut connaitre de mes propres yeux avant de pouvoir me dire diplômée en la matière.

Mon année en Equateur aura été une série de retournements, de bouleversements, de contrastes, d’expériences et d’apprentissage. Elle aura été riche en voyages, en connaissances, en couleurs, en amitiés, en émotions et en enseignements. Il me sera impossible de décrire dans sa plénitude la beauté de l’expérience que j’ai vécue. Si je devais lui attribuer un mot, ce serait la passion. Apprendre à faire les choses avec passion, à tout donner à ceux qui m’auront été chers, à recevoir tout autant, à voir les opportunités là où en apparence il n’y a rien, à voir le beau dans ce qui en apparence est laid et effrayant. A apprécier les petites choses telles la musique qui envoute chaque coin de rue, la familiarité avec laquelle tout un chacun se parle, pouvoir décider du jour au lendemain de sauter dans un bus et partir visiter un coin du pays le temps de quelques jours, ou tout simplement le fait de travailler avec le cœur plus qu’avec les diplômes. L’Equateur aura été pour moi la meilleure école, tant sur le plan professionnel que sur le plan humain et personnel.

Ce rapport de stage a pour objectif, en premier lieu, de réfléchir aux différents aspects de cette année à l’étranger : comment l’ai-je envisagée, comment l’ai-je abordée une fois sur place et qu’en est-il de mon projet professionnel aujourd’hui à la lumière de tout ce que m’aura apporté cette expérience ? Qu’ai-je envie de ramener en France ? Quelles ont été les réussites et les échecs, les points forts et les obstacles ? Il s’agit aussi pour moi de présenter ce pays assez méconnu d’Amérique Latine, de donner des conseils pratiques à ceux qui décident de s’y rendre ou d’encourager ceux qui sont encore indécis sur leur destination de donner une chance à l’Equateur.

dimanche 6 juin 2010

FELICIDADES!



Le 31 mai, j’ai franchi une nouvelle étape. Ce n’était pas seulement la date de mes 21 ans, c’était aussi le dernier jour de mon stage. J’aurai vécu une semaine très intéressante. Ce fameux lundi 31 mai, je me rends pour la dernière fois à Tamarindo, le village dans lequel j’aurai régulièrement travaillé dans le cadre de mes activités avec la Fundación. Les volontaires m’ont préparé une petite fête d’anniversaire et d’adieux. Déjeuner, gâteau d’anniversaire, cadeaux, échanges de mots et de vœux tous aussi touchant que les autres. La journée est belle, l’ambiance est joyeuse, mais chacun craque au moment des aurevoirs. C’est plus dur que ce que je m’imaginais ; après tout ces femmes m’ont réellement apporté beaucoup de choses. Elles m’ont non seulement donné leur confiance absolue dès le premier jour mais m’ont en plus témoigné leur affection la plus sincère tout au long de mon stage. Malgré le fait qu’elles avaient si peu pour vivre, elles ont toujours voulu me montrer que les êtres humains ont quelque chose d’énorme à construire et à offrir. Comment retenir mes larmes et comment dire aurevoir à toutes ces volontaires qui m'ont toujours accueilli dans leurs maisons comme si j'étais leur fille, m'ont tant enseigné et le jour de mon départ, me remercient et pleurent à chaudes larmes.

Je reviens à Guayaquil épuisée par cette première série d’adieux, sans réelle envie de continuer de fêter mon anniversaire, mais toute la famille m’attend avec Patrick, James et Béa a la maison. Ils ont préparé un diner, un gâteau et ont même invité des amis. Et au fond je suis contente, car ayant été à plusieurs célébrations d’anniversaires en Equateur, j’ai toujours eu envie d’en faire l’expérience. Il y a toutes sortes de petites traditions, entre autres le fameux coup de demander à la personne de mordre le gâteau puis de lui pousser la tête dedans, ou de donner autant de coups de ceinture que d’années vécues au cumpleañero. Ca parait violent, mais les coups restent toutefois plus symboliques que réellement douloureux. Cependant j’ai eu le droit à quelques vicieux qui m’ont fouetté les fesses comme de vrais sadiques… ouch.











Autre coutume en Equateur, notamment avec les amis que je me suis fait à Guayaquil, c'est qu'on célèbre l’anniversaire de quelqu'un sur toute une semaine. Le soir du 31, on sort fêter jusqu’à 4heures du matin, mais ça ne nous empêchera pas de le re-fêter le mardi, le mercredi, et surtout le vendredi soir, jour de ma fête d’anniversaire et d’aurevoir. Un évènement 2 en 1 qui réunit tous mes amis les plus proches d’Equateur jusqu’à 7heures du matin le lendemain pour danser, boire, fêter, et se dire aurevoir en beauté pour certains que je ne reverrai pas.





Et oui, je pars maintenant faire mon dernier voyage en Equateur. Une semaine à parcourir quelques sites du Nord et de la côte, avant de revenir à Guayaquil, faire mes valises et prendre l’avion pour la France. Quelques updates à venir dans la semaine sur le-dit voyage… A bientôt !

mardi 25 mai 2010

AVENTURAS AMAZONICAS





Depuis l’époque où mon frère et moi jouions au jeu « Amazon Trail », mon rêve a été de connaitre la forêt amazonienne. Mais ça a toujours été pour moi un de ces endroits inatteignables dans lesquels je n’aurais probablement jamais l’occasion de m’aventurer, un peu dans le même style que le pôle Nord ou le Sahara. Mais bon, à un moment il faut prendre les choses en main, surtout quand je vis dans un endroit du monde où l’Amazonie est à 10 heures de route. Alors on décide d’y organiser un voyage avec des copains. Et quel voyage ! Voici donc pour vous, les crónicas amazoniennes !




Tout d’abord, je précise qu’il n’est pas possible de partir s’enfoncer seul dans le poumon du monde. Il faut absolument partir avec une agence. En Equateur, les meilleures villes de départ pour faire des « Jungle Tours » sont Baños, Téna et Coca. Etant donné que j’ai déjà fait Baños deux fois et que Coca est à 18 heures de route de Guayaquil, la meilleure option me paraissait être partir de Téna.



Avant le départ, il faut bien prendre ses précautions et prévoir : vêtements légers qui couvrent tout le corps (manches longues, pantalons, bottes) car malgré l’humidité, il vaut mieux se protéger des bêtes et des plantes, BEAUCOUP de spray anti-moustique (voire, médicaments contre le paludisme pour les plus soucieux, mais étant donné que le traitement est lourd, ce n’est pas conseillé de les prendre si vous faites moins de trois jours), protecteur solaire, et quelques pansements pour les ampoules.

Vendredi soir, nous sommes un bon groupe de neuf personnes à monter dans le bus pour Téna : moi, les quatre autres stagiaires de Guayaquil (Patrick, James, Béa et Michelle), et quatre autres équatoriens : Karla, Abdon, Lorena et Cindy. Un bon mélange, car nous ne nous connaissons pas tous. Arrivés à Téna aux alentours de sept heures du matin samedi, on part à la recherche d’une agence. Malheureusement, ça nous aura pris pas mal de temps, car les prix sont beaucoup plus élevés que ce que nous pensions : entre 35 et 50 dollars par jour dans l’Amazonie. Or nous voulions absolument y passer une nuit. L’intérêt de partir en Amazonie est entre autres de dormir dans une communauté indigène. Finalement, on trouve un petit bijou d’agence, écartée du centre touristique, où les organisateurs des voyages sont originaires eux-mêmes des communautés amazoniennes. Pour 30 dollars par personne, on a un beau programme de deux heures de randonnée en forêt pour atteindre la communauté, un déjeuner typique, une autre randonnée l’après-midi pour atteindre une cascade naturelle et s’y baigner, une nuit dans la communauté avec des animations culturelles, petit-déjeuner le lendemain et découverte de techniques de vie en Amazonie, avant d’entreprendre la randonnée du retour.

J’ai décidé que j’allais passer le weekend en mode élégance totale : oublions maquillage, shampooing, parfum, vêtements féminins. J’opte pour un gros t-shirt à manches longues que me prête Patrick et qui fait dix fois ma taille, des bottes en caoutchouc et une queue de chevale limite lesbienne. Ajoutez à cela un visage transpirant de sueur grâce à l’humidité, et vous avez le sex symbole de l’Amazonie :





La promenade jusqu’à la communauté est un véritable chemin de croix. Les sacs à dos, l’humidité, les moustiques, la boue, les montées qui n’en terminent pas… pour rendre le chemin plus marrant, on s’invente un véritable film d’horreur dont nous sommes les héros. Qui sera le premier à mourir et dans quelles conditions ? Pour ma part, je suis celle que les autres décident de manger au bout de trois jours sans nourriture. Sympa les mecs. Mais malgré le calvaire de cette randonnée, je suis personnellement très impressionée par la beauté de la selva. Je suis dans une véritable forêt tropicale : par-ci par là on aperçoit des baobabs géants qui sortent du sol au milieu de toute cette végétation, des papillons bleus azure, des cacaotiers (je goute le vrai fruit du cacao !) et on entend autour de nous des singes (mais on ne fera que les entendre, sans les apercevoir malheureusement.



Finalement on arrive à la petite communauté indigène de Rio Blanco, enfouie dans la forêt. Elle n’est accessible que par deux chemins, chacun d’environ deux heures de marche ! Elle ressemble à un petit hôtel paradisiaque malgré le fait qu’elle soit pauvre.


Nous n’avons pas le temps de déjeuner, car il est déjà 15 heures et nous devons aller à la cascade (une heure de marche) et revenir avant la tombée de la nuit. C’est donc reparti pour de la marche, malgré les jambes lourdes, les crampes et la faim. On atteint la cascade, et c’est un vrai moment de bonheur de s’y baigner, car contrairement aux autres cascades où j’ai pu me rendre, celle-ci est complètement isolée. Il n’y a ni route, ni visiteurs aux alentours. Nous seuls avec la nature.









On revient à la communauté sur les coups de six heures et demi, pile poil au moment où tombe la nuit. Et là on a le droit à un vrai festin : soupe de quinoa et de légumes, tranches de yuca, poulet mariné, banane plantain et potiron frits, fruits et café. Puis commencent les animations de « intercambio cultural » (échange culturel). En premier lieu, le chef de la communauté nous donne la bienvenue en « Quichua », la langue ancestrale qui se parle dans la plupart des communautés traditionnelles andines et amazoniennes en Equateur et au Pérou. La communauté nous présente des danses, chansons et rites typiques (la danse de la paix, symbolisant l’arrêt des massacres qui eurent lieu entre les deux principales tribus de l’Amazonie équatorienne, ainsi que le rite du mariage avec madame qui est voilée et monsieur qui ne connaitra jamais le visage de sa douce avant de l’épouser) ; mais en échange nous devons aussi leur faire découvrir quelque chose de notre propre culture. Nous décidons donc de chanter une chanson de la ville de Cuenca (d’où vient Karla) mais nous finissons par leur faire découvrir des chansons américaines lorsque nous commençons à jouer de la guitare. Il n’y a pas d’électricité dans cette partie de l’Amazonie, ainsi nous passons toute la soirée à la lueur des bougies ce qui rend l’ambiance très agréable.








Le lendemain, nous nous réveillons et sortons prendre le petit déjeuner sous une pluie battante. C’est ça le climat tropical. Notre guide, Edwin, nous emmène ensuite découvrir comment les indigènes de l’Amazonie chassent en utilisant des éléments de la nature (troncs d’arbre, morceaux de bois, tiges de palme). C’est incroyable de voir comment ces communautés peuvent survivre à l’isolement en n’utilisant que ce qu’ils trouvent dans leur environnement. De même nous avons le droit à un petit cours de médecine naturelle. Patrick a des sortes de boutons allergiques qui lui sont apparus sur le bras : Edwin lui verse un peu de sève rouge d’un arbre (dite « sangre de árbol », sang d’arbre) et au bout d’une heure, il n’a plus rien ! Nous qui prenons des antibiotiques au moindre signe d’irritation de gorge, on aurait pas mal à apprendre de ces techniques…







Notre séjour s’achève sous la pluie amazonienne : on marche deux heures en prenant l’autre chemin en direction du fleuve que nous traversons en canoë pour regagner Téna. On arrive trempés et assez fatigués de toute cette marche, toutes nos affaires puent l’humidité. Mais il nous reste un jour et demi et il n’est pas question de rentrer à Guayaquil. Je me bats de toutes mes forces pour ne pas qu’on aille à Baños (la ville touristique la plus proche), qu’on aille à Ambato, Latacunga, Quilotoa, même le village d’à côté, mais quelle honte si je retourne une troisième fois à Baños. Mais, malheureusement, l’indigne de moi cède contre la majorité et prends le bus avec eux pour… Baños.



Ne vous en faites pas, je n’ai pas resauté d’un pont ou manqué de me tuer en faisant du parachute, rien de tout ça. J’ai voulu tester du nouveau, et du plus relax surtout. Après une nuit de fête dans ce hameau qui ne dort pas (soirée durant laquelle j’ai eu le privilège d’entrer dans le cercle des « bros », c’est à dire être un des mecs et en apprendre long sur les techniques de drague de cette espèce si singulière), je me lève tôt le lendemain matin avec Abdon pour aller profiter des eaux thermales dans une piscine au pied d’une cascade. C’est divin, surtout quand on sort de l’eau pour prendre une douche glacée et qu’on y re-rentre pour une demi heure. Après ça, Bea, Abdon et moi allons dans une sorte de spa naturel où pour $2,50, j’ai le droit à une promenade de « bien être », un masque de boue et un demi-ananas avec un thé purifiant. La promenade est très chouette, on doit suivre un chemin les pieds nus à travers différentes petites étapes. Nous arrivons en haut d’une petite colline où nous devons méditer sur les choses négatives de notre vie, puis crier le plus fort possible dans le gouffre montagneux pour se libérer de cette énergie négative. L’idée me fait sourire à l’idée d’imiter la fameuse scène du film Garden State. A la fin du parcours, on nous présente un petit schéma montrant quelle partie du pied correspond à quel organe. Les parties de nos pieds qui nous font donc mal sont reliées aux parties de notre corps qui sont les plus fragiles (estomac, système nerveux, plexus solaire, gorge, etc.).

Après cette matinée à se faire pouponner, on décide que le séjour aura été suffisamment intense et qu’il est temps de rentrer à Guayaquil. J’aurais vécu ce weekend en parfaite harmonie avec la nature, que ce soit avec douleur ou bien être. Qu’est-ce que ça aura été moche de revenir à l’air contaminé de Guayaquil…

Pour ceux que ça intéresse, sachez que l’écotourisme est extrêmement bien développé en Equateur (comme dans nombreux pays en Amérique du Sud). Il s’agit d’une forme de voyager responsable (exemple : voyager dans le respect de l’environnement et des traditions, volontariat, visiter des communautés ou des réserves écologiques…).

Quelques suggestions d’éco-tourisme en Equateur :

Le parc Machalila (plage Los Frailes et visite de la communauté d’Agua Blanca qui offre un bain de boue naturel !) dans la Province de Manabi, la visiter depuis le village de Puerto Lopez.
La visite de l’Amazonie Equatorienne (la grande majorité des trips proposés sont organisés conformément à l’écotourisme, mais renseignez-vous bien quand même)
Les « Ecolodge » pour visiter des « cloud forests » (forêts de nuages, étape avant la « rainforest »), des zones tropicales à l’état vierge où les espèces et l’environnement sont extrêmement bien préservés. C’est surtout dans la région autour de Quito que vous en trouvez, notamment à partir du petit village de Mindo.

mercredi 12 mai 2010

EL ULTIMO MES

Tout se passe toujours autant à merveille de ce côté de la planète. Voici les photos de mon dernier voyage où nous étions (pour une fois) plus d’étrangers que d’équatoriens. J’ai emmené les stagiaires AIESEC de Guayaquil faire un petit tour sur la côte ce Weekend. Depuis Puerto Lopez où nous nous sommes retrouvés à sociabiliser avec des équatoriens émmechés à 2h du mat sur la plage, jusqu’à Canoa, village surf paradisiaque plus au nord que nous avons mis 7heures à atteindre, on aura vu un peu de tout. Avec 6 bus, 1 ferry, 1 barque, 1 mototaxi et une camionnette arrêtée en stop en deux jours, je crois que ce voyage aura été un de mes chefs d’œuvre de l’aventure !


Moi, Bea (Canada), Patrick (USA), James (Australie)



Iwona (Pologne), James, Bea


Tous sur le ferry pour aller à Canoa... Quatre françaises, un australien, un équatorien, un américain, une canadienne, une polonaise, une islandaise: ça c'est du melting pot!


Canoa... pourquoi est-ce que je ne suis pas restée?


A l'arrière de notre petite camionette arrêtée en stop qui faisait du 200km/h. Ca rafraichit quand il fait 38°C quoi...

Et me voici entrée dans mon dernier mois en Equateur. Alors qu’au début je comptais les jours qui passaient, aujourd’hui j’en suis à décompter le temps qu’il me reste avant le grand départ (ou le grand retour, comment l’envisager ?).

Quelques objectifs avant de partir :


**Réussir à comprendre au moins toute une phrase de Papi Chuna, mon père d’accueil qui parle avec l’accent le plus campagnard imaginable…

**Perdre les quelques 150 kilos équatoriens que j’ai du prendre

**Maitriser la recette du ceviche de crevettes : comment vivre sans ce plat en France ?

**Faire un voyage en Amazonie

**Obtenir une réponse positive de la part de la Municipalité de Santa Lucía pour le plus grand projet de financement que j’ai entrepris de tout mon stage… croisez les doigts pour moi !

**Sortir faire des photos de Guayaquil… ou trouver un pote garde-du-corps qui peut m’accompagner en voiture pour le faire, kifkif.

**Manger du cochon d’Inde, LE plat typique andin en Equateur

**Un dernier saut ?... jamais deux sans trois ! Mais cette fois-ci, en parapente, à la plage « Crucita » au nord de la côte.

**Marcher en talons dans Guayaquil… mesdames, imaginez-vous marcher sur le chantier du World Trade Center sur 10cm de talons, vous comprendrez l’ampleur du défi que je vais entreprendre !

**Me trouver un mari équatorien pour avoir la nationalité

Programme ambitieux, je l’admets. Je vous enjoins tous d’imprimer cette liste d’objectifs et de lancer les paris, je les ferai tous ! Bon à part la petite blague de la fin… quoique, on sait jamais ici…

vendredi 16 avril 2010

TODO LO QUE QUIEREN SABER...




Je suis actuellement en train de rédiger mon rapport de stage pour Sciences Po. Encore quelque chose qui me rappelle que mon expérience équatorienne est en train de se terminer peu à peu... Et pour rendre cet exercice fastidieux un peu plus marrant, j’ai décidé de relire tout ce que j’avais écrit jusque là dans mon blog, ne serait-ce que pour faire un peu de copié-collé histoire d’accélérer la rédaction, mais aussi pour reprendre toutes mes impressions depuis le jour numéro un et écrire mon rapport le plus authentiquement possible. Et voilà que j’ai commencé à repérer dans ce que j’avais écrit certaines phrases qui me faisaient rire (ou réflechir) tellement j’avais pu changer depuis le moment où je les avais dites. J’ai donc décidé d’en reprendre quelques unes et de vous les commenter… c’est parti.



BLOG ENTRY 2 – PASO A PASO


« Arrive Papí qui rentre fermement dans la douche, écrase de son pied nu l’infâme bestiole [le cafard] et ressort en riant. Bueno… un des mes objectifs est donc d’arriver à faire ça d’ici deux mois. Avec une chaussure, faut pas déconner non plus. »

Comme j’ai pu vous le dire plus tard en parlant de la Temporada et de l’invasion de grillos, les insectes sont devenus mes potes les plus intimes. Il m’a fallu supporter non seulement les cafards et les grillos au quotidien mais aussi les faucheuses, les moustiques (mon record a été 30 piqures sur les jambes en une seule soirée… je précise que j’étais à l’intérieur de la maison…) et toutes sortes d’autres bêtes peu appétissantes.


BLOG ENTRY 3 – EL PUEBLITO TAMARINDO


« Chaque jour, il m’arrive quelque chose d’inédit : je fais, mange, essaie, vis quelque chose que je ne connaissais pas auparavant... chaque jour est une sorte de mini-aventure ici. J’arrêterai probablement de compter [les jours] quant tout ceci deviendra un peu plus routine. »


Bon c’est vrai que j’ai arrêté de compter les jours, mais quant à l’idée que les choses deviendront routine, j’attends encore… La routine est quelque chose que je n’ai jamais eu à connaitre dans ce pays… quel changement merveilleux par rapport à la vie à Paris. Il arrive tout le temps toutes sortes d’originalités, il n’y a pas un jour qui passe où je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose de nouveau ou hors du commun.




« La Señora Marlene tente de me rassurer en me disant que tous les volontaires étrangers qui sont venus faire un stage dans son ONG arrivent triste et déçus, et repartent en pleurant. Je n’étais pas convaincue. »

C’est probablement une des phrases qui me fait le plus sourire, car à l’époque je n’imaginais pas qu’il me serait possible de repartir en pleurant. Pour moi, Guayaquil était trop difficile, moche, violente, rapide et dangereuse pour obtenir ne serait-ce qu’une de mes larmes, à part celles de rage. Bien évidemment, la situation s’est complètement retournée aujourd’hui. Les larmes ont déjà commencé. Il n’y a rien de mal à ça, au contraire ; plus il y en a, plus j’aurais été heureuse ici au final…

BLOG ENTRY 6 – CUMPLIENDO EL PRIMER MES

« J’ai l’habitude que l’épicière, le gérant du cybercafé, le chauffeur de taxi, la réceptionniste de l’école de salsa, le passant dans la rue à qui je demande des directions m’appellent tous « mi amor », « mi vida », « niña », « mi cielo »… »


Et je le fais aussi maintenant !


BLOG ENTRY 7 (non publié)

Voici ici un extrait d’article que j’avais écrit en octobre, au comble de mon angoisse dans ce pays, et que j’ai décidé après coup de ne pas publier. Je l’ai trouvé trop fort, quoiqu’il reflétait bien mon état d’esprit au moment de l’écrire. Je l’ai toutefois gardé, et j’ai eu envie d’en publier un morceau, à présent que j’ai plusieurs mois de recul dessus. Je vous laisse penser ce qu’il y a à penser dessus.

[…] Alors pour faire le vide et respirer un peu, j’ai décidé de tout nettoyer. J’ai commencé par mon armoire, si je peux appeler la barre accrochée au mur et les cartons posés sur le sol pour ranger mes vêtements une armoire. J’ai mis de l’ordre dans mes valises et ma table de nuit. J’ai fait mon lit, j’ai ouvert les fenêtres. Et enfin, j’ai nettoyé le sol avec un balai et du produit jusqu’à ce que ça scintille. Parce que j’en ai marre tous les matins de récolter des amas de crasse dès que je pose le pied nu par terre en sortant de mon lit. J’en ai marre de plein de choses pour tout vous dire. J’en ai marre d’avoir l’impression de fondre sur le trottoir dès que je mets mon nez dehors tellement il fait chaud. J’en ai marre des foutus conducteurs qui klaxonnent à tout bout de champs et qui me foncent dessus. J’en ai marre de me faire pousser dans le bus par des bonnes femmes qui pèsent 150 kilos et veulent atteindre coute que coute la place assise qui vient de se libérer. Quand on est poli, on dit « permiso » connasse. J’en ai marre des types qui me draguent en susurrant « mi amor» quand je marche dans la rue. J’ai envie de leur répondre « si tu continues jte castre », mais j’oubliais, je n’ai pas le droit ; parce qu’on m’a avertie qu’il fallait que j’évite de parler dans la rue pour que les gens ne sachent pas que je suis étrangère. Ca aussi j’en ai marre. J’ai plein de choses à dire moi, alors déjà que je ne sais pas bien les dire en espagnol, si en plus il faut que je me taise tout court. J’en ai marre de ne pas me sentir en sécurité, de toujours devoir être alerte, d’avoir le cœur qui bâte fort dès que je vois quelqu’un marcher un peu trop près de moi dans la rue. Marre de ne pas pouvoir faire confiance à qui que ce soit. Marre de devoir attendre qu’arrive ma nouvelle carte bancaire parce qu’on m’a volé la mienne avec un flingue la première semaine. Marre de voir tous les soirs aux infos des histoires de meurtre, de vols, d’agression. Hier j’apprends qu’une vulcanologue française, Charlotte Mazoyer, a été tuée à Quito il y a deux semaines. J’ai les jambes qui flageolent en l’apprenant, parce que tous les jours je me sens de plus en plus vulnérable. Quand est-ce qu’elle se termine cette mise à l’épreuve permanente, que je puisse commencer à profiter un peu ?

[…]D’accord, l’Equateur et moi on est parti du mauvais pied, mais aujourd’hui j’ai décidé de faire tabla rasa, j’ai enlevé la saleté, la poussière et le toxique. Evidemment on aura d’autres altercations. Mais au moins le terrain est propice pour recommencer à zéro. Je n’ai pas le droit d’abandonner, ce serait laisser vaincre sa brutalité, ce serait ne pas apprendre de tous ceux qui passent par bien pire que moi ici et se relèvent en gardant espoir. Et puis je n’ai pas encore atteint ma limite avec lui, il va voir de quoi je suis faite. »



BLOG ENTRY 8 – VIAJE CHEVERISIMO

« Choisir entre le petit diable de mon épaule gauche qui me dit de ne pas mettre un terme à mon ivresse et le petit ange de mon épaule droite qui me dit de prendre le bus pour Guayaquil, quel dilemme. »



J’ai souvent parlé de cette difficulté constante que j’avais quand je voyageais quelque part. Je me perds dans un nouveau lieu, rencontre des gens formidables, fais des choses que je n’avais jamais faites, et au final je ne veux qu’une seule chose : continuer mon petit chemin de voyageuse et ne plus rentrer. Le pire aura probablement été la difficulté que j’ai eu à rentrer de mon voyage au Pérou et en Bolivie, et le conflit que ça a créé avec ma copine de voyage à ce moment là. Ironie dans cette histoire, je ne semble pas apprendre de tout ça. La preuve, je lutte aujourd’hui contre le petit diable de mon épaule gauche qui me dit de rester en Equateur…


BLOG ENTRY 11 – « DE FRANCIA ?? EN SERIO ?? WOOOOOOW….. !! »

« Dans tout ça, je pense que vous avez compris que je me complais quand même pas mal dans ce rôle de la petite volontaire française qui vient de Paris, qui aime boire beaucoup de café noir sans sucre sans lait, qui demande un verre de vin à chaque fois qu’on va dans un bar alors que tout le monde demande une bière, qui préfère porter du bleu marine et du noir que des vêtements super flashy et moulants, ne sait pas bouger ses hanches comme les autres Latinas et fait bien attention à ce qu’elle mange. J’ai beau essayer de me fondre dans le moule équatorien sur certains points comme le fait d’arriver avec une heure de retard à tous les rendez-vous ou essayer de prendre l’accent équatorien, les autres points que je viens de citer restent inflexibles. »


Je n’irai pas jusqu’à dire que je prends mon café avec du sucre (blasphème), mais il faut savoir que je me suis quand même beaucoup assouplie sur ce qui faisait my frenchness. En décembre, une amie m’a dit que c’était regrettable que je fasse toujours des comparaisons avec la France. Ca ne sert à rien de comparer les deux pays, m’a-t-elle dit, tu n’es pas venue en Equateur pour vivre comme en France. J’ai décidé à ce moment là de me laisser adoucir par cette nouvelle culture, devenue aujourd’hui ma culture… Aujourd’hui, on me dit que je parle comme les Guayacos, danse comme eux, fais les mêmes blagues qu’eux, que je suis beaucoup moins stressée et rigide qu’à mon arrivée, que j’ai été « équatorianisée » quoi…


BLOG ENTRY 20 – QUE EL MEDIO NO ME DETENGA

« Peut être que je serai élue, peut être que non, quelque soit le résultat je saurai voir les belles opportunités derrière. »

Et bien j’ai été élue...Quel grand moment de bonheur lorsque, en direct sur skype, je les entends annoncer que je suis la prochaine présidente d’AIESEC Sciences Po pour l’année 2010-2011. Les équatoriens débarquent chez moi vers 20 heures alors que je viens de terminer de régurgiter le reste de mon stress et de mes émotions (et oui…) et me font la surprise d’un baptême digne de l’AIESEC en Amérique Latine : le baptême de bière.






lundi 5 avril 2010

Que el miedo no me detenga



Avec sept mois à mon actif en Equateur, le temps est venu de commencer à penser à ce que cette expérience m’a apporté le plus. C’est vrai que je n’ai fait que réfléchir à ça depuis le début, mais tout d’un coup je ressens le poids et la pression de mes derniers mois ici comme jamais. Tout d’un coup, j’ai l’impression que mon année est terminée et que je n’ai encore rien fait, rien vécu et rien vu par rapport à tout ce que j’aimerais faire. Tant d’endroits à visiter que je ne verrai probablement pas, tant de personnes que je voudrais connaitre davantage que je ne fréquenterai certainement pas, tant de projets que j’aimerais commencer et que je ne mènerai pas à bout.

La semaine dernière, j’ai été amenée à terminer un certain nombre de procédures en vue de mon retour en France, entre autres mon dossier de master et ma candidature à la présidence de l’association AIESEC à Sciences Po. Il s’agit de projets qui me tiennent évidemment beaucoup à cœur, mais c’est avec le poids de tous ces sentiments vis-à-vis de mon départ d’Equateur que j’ai du les réaliser. Comment expliquer à Sciences Po ma motivation envers tel master alors que je n’ai plus envie de rentrer en France étudier ? Comment argumenter ma candidature à AIESEC quand je voudrais rester trois mois de plus en Equateur au lieu de rentrer en juin pour commencer le mandat ? Et plus je dois planifier dans les détails chaque projet, plus je me vois m’éloigner de ma vie à Guayaquil et revenir à mon quotidien français. Je passe la semaine stressée et chagrinée, je repousse l’envoi de mes candidatures au lendemain, je parle en panique avec différentes personnes en Equateur et en France de ce que je ressens. Je dois prendre une décision : candidater pour l’AIESEC et rentrer en France à la date prévue, ou abandonner cette opportunité professionnelle et académique immense pour rester trois mois de plus en Equateur. Il y a ce que me dicte la raison, et ce que veut mon cœur. Il y a d’un côté un nouveau projet pour l’année prochaine qui pourrait très certainement me changer la vie, et de l’autre la poursuite de la folie équatorienne qui m’anime depuis sept mois. Je me souviens de quand j’avais quitté la France en août, tous me disaient « amuse-toi bien, mais surtout ne nous fait pas le coup de rester indéfiniment là bas ». Et voilà que maintenant j’ai bien envie de le faire ce coup là…



Rassurez-vous, je ne suis pas sur le point de vous annoncer que je vais fonder une famille ici ou que je change ma nationalité pour vivre en Amazonie. Simplement je me rends compte du (gros) chemin que j’ai parcouru depuis mon arrivée ici, et à quel point mes sentiments pour ce pays sont devenus forts. C’est devenu mon deuxième «chez moi», et je me sens tellement proche de cette culture que mes amis me disent tous que je suis devenue Equatorienne, ou Ecua-French selon ce que vous préférez.



Alors j’en étais à ce que je vais certainement retenir le plus de cette expérience. Sans aucun doute, c’est de ne pas me laisser guider par la peur. Avant de venir en Equateur, quelqu’un m’a dit qu’une personne courageuse n’est pas quelqu’un qui n’a jamais peur, c’est quelqu’un qui fait les choses en dépit de sa peur. Cette phrase m’a beaucoup aidé durant mon année ici. L’Equateur m’a appris à vivre chaque jour au maximum de son potentiel, à donner tout ce que j’ai aux personnes qui m’entourent, à regarder tout ce que j’ai et être reconnaissante plutôt que de regarder ce que je n’ai pas et toujours vouloir plus, à danser jusqu’à cinq heures du matin sans me soucier de la tête que j’aurai le lendemain au travail, à décider spontanément de partir à l’autre bout du pays le temps d’un weekend, à faire confiance en ce que me réserve mon expérience et à tirer tout le positif des opportunités qui se présentent à moi. En bref donc, à ne pas laisser la peur ou l’angoisse me retenir en arrière.



J’ai eu peur de venir dans un pays que je ne connaissais pas, mais j’y suis finalement allée. J’ai ensuite eu peur d’y rester, et malgré toutes mes hésitations, j’ai décidé de lui donner une chance. Aujourd’hui j’ai peur de rentrer en France, mais l’Equateur m’a appris qu’il y a toujours de belles choses qui se présentent si je fais confiance et m’ouvre au risque et à l’inconnu. J’ai donc terminé et envoyé mon dossier de master pour continuer les études en septembre, et je présente bel et bien ma candidature pour être présidente de l’AIESEC à Sciences Po. Peut être que je serai élue, peut être que non, quelque soit le résultat je saurai voir les belles opportunités derrière. Entre temps, il me reste deux mois à vivre pleinement ici. Et pour le fêter, je suis retournée à Baños avec des amis pour tenter un nouveau saut. La tête la première.