lundi 5 avril 2010

Que el miedo no me detenga



Avec sept mois à mon actif en Equateur, le temps est venu de commencer à penser à ce que cette expérience m’a apporté le plus. C’est vrai que je n’ai fait que réfléchir à ça depuis le début, mais tout d’un coup je ressens le poids et la pression de mes derniers mois ici comme jamais. Tout d’un coup, j’ai l’impression que mon année est terminée et que je n’ai encore rien fait, rien vécu et rien vu par rapport à tout ce que j’aimerais faire. Tant d’endroits à visiter que je ne verrai probablement pas, tant de personnes que je voudrais connaitre davantage que je ne fréquenterai certainement pas, tant de projets que j’aimerais commencer et que je ne mènerai pas à bout.

La semaine dernière, j’ai été amenée à terminer un certain nombre de procédures en vue de mon retour en France, entre autres mon dossier de master et ma candidature à la présidence de l’association AIESEC à Sciences Po. Il s’agit de projets qui me tiennent évidemment beaucoup à cœur, mais c’est avec le poids de tous ces sentiments vis-à-vis de mon départ d’Equateur que j’ai du les réaliser. Comment expliquer à Sciences Po ma motivation envers tel master alors que je n’ai plus envie de rentrer en France étudier ? Comment argumenter ma candidature à AIESEC quand je voudrais rester trois mois de plus en Equateur au lieu de rentrer en juin pour commencer le mandat ? Et plus je dois planifier dans les détails chaque projet, plus je me vois m’éloigner de ma vie à Guayaquil et revenir à mon quotidien français. Je passe la semaine stressée et chagrinée, je repousse l’envoi de mes candidatures au lendemain, je parle en panique avec différentes personnes en Equateur et en France de ce que je ressens. Je dois prendre une décision : candidater pour l’AIESEC et rentrer en France à la date prévue, ou abandonner cette opportunité professionnelle et académique immense pour rester trois mois de plus en Equateur. Il y a ce que me dicte la raison, et ce que veut mon cœur. Il y a d’un côté un nouveau projet pour l’année prochaine qui pourrait très certainement me changer la vie, et de l’autre la poursuite de la folie équatorienne qui m’anime depuis sept mois. Je me souviens de quand j’avais quitté la France en août, tous me disaient « amuse-toi bien, mais surtout ne nous fait pas le coup de rester indéfiniment là bas ». Et voilà que maintenant j’ai bien envie de le faire ce coup là…



Rassurez-vous, je ne suis pas sur le point de vous annoncer que je vais fonder une famille ici ou que je change ma nationalité pour vivre en Amazonie. Simplement je me rends compte du (gros) chemin que j’ai parcouru depuis mon arrivée ici, et à quel point mes sentiments pour ce pays sont devenus forts. C’est devenu mon deuxième «chez moi», et je me sens tellement proche de cette culture que mes amis me disent tous que je suis devenue Equatorienne, ou Ecua-French selon ce que vous préférez.



Alors j’en étais à ce que je vais certainement retenir le plus de cette expérience. Sans aucun doute, c’est de ne pas me laisser guider par la peur. Avant de venir en Equateur, quelqu’un m’a dit qu’une personne courageuse n’est pas quelqu’un qui n’a jamais peur, c’est quelqu’un qui fait les choses en dépit de sa peur. Cette phrase m’a beaucoup aidé durant mon année ici. L’Equateur m’a appris à vivre chaque jour au maximum de son potentiel, à donner tout ce que j’ai aux personnes qui m’entourent, à regarder tout ce que j’ai et être reconnaissante plutôt que de regarder ce que je n’ai pas et toujours vouloir plus, à danser jusqu’à cinq heures du matin sans me soucier de la tête que j’aurai le lendemain au travail, à décider spontanément de partir à l’autre bout du pays le temps d’un weekend, à faire confiance en ce que me réserve mon expérience et à tirer tout le positif des opportunités qui se présentent à moi. En bref donc, à ne pas laisser la peur ou l’angoisse me retenir en arrière.



J’ai eu peur de venir dans un pays que je ne connaissais pas, mais j’y suis finalement allée. J’ai ensuite eu peur d’y rester, et malgré toutes mes hésitations, j’ai décidé de lui donner une chance. Aujourd’hui j’ai peur de rentrer en France, mais l’Equateur m’a appris qu’il y a toujours de belles choses qui se présentent si je fais confiance et m’ouvre au risque et à l’inconnu. J’ai donc terminé et envoyé mon dossier de master pour continuer les études en septembre, et je présente bel et bien ma candidature pour être présidente de l’AIESEC à Sciences Po. Peut être que je serai élue, peut être que non, quelque soit le résultat je saurai voir les belles opportunités derrière. Entre temps, il me reste deux mois à vivre pleinement ici. Et pour le fêter, je suis retournée à Baños avec des amis pour tenter un nouveau saut. La tête la première.




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